Il y a quelques semaines, l’un de nos artistes préférés de 2013, Vaghe Stelle, nous offrait un podcast à l’éclectisme affirmé, sautant d’un genre à un autre tout en parvenant à dessiner des contours communs.
Quand on aime, on ne compte pas : c’est aujourd’hui un autre artiste issu du même label, Gang of Ducks, que nous accueillons, en la personne d’Haf Haf, récent auteur du premier album du collectif. Marchant dans les sillons tracés par le label, le mystérieux producteur y propose des décoctions mêlant habilement l’ambient au chopped & screwed.

Nous nous attendions légitimement à une expérience unique, dans la lignée de celle offerte par le mix de Vaghe Stelle au vu de cet effort ; avouons néanmoins que nous n’imaginions pas qu’Haf Haf aille aussi loin. Les notions d’aliénation et de poison paralytique utilisées par le label pour décrire les travaux de l’artiste semblent alors particulièrement adéquates ici : refusant toutes les contraintes stylistiques ou toute idée de bon ou de mauvais goût, celui-ci organise tout d’abord ici un sombre chaos d’expérimentations diverses, intriquées autour d’un fil commun mais n’hésitant pas à sauter de plages rythmiques déconstruites à des considérations drone.

Perdant l’auditeur dans cette quête trébuchante, Haf Haf lui assène alors sans prévenir un coup final en donnant sans prévenir dans la violence pure : passant de la noise au breakcore et du gabber à l’EBM, la fin du mix agit alors comme un éclair de frénésie, venant achever dans la neurasthénie la plus totale un périple halluciné. Plus certainement – même si toute certitude semble s’abolir lorsqu’il s’agit de Gang of Ducks –, cet effacement de toutes les limites éclaire de façon diffuse ce que construit lentement Haf Haf : une terrassante machine à dévorer vos songes.
 

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